bandeauMobilités et (R)évolutions numériques

15e colloque du GT Mobilités Spatiales, Fluidité Sociale (MSFS)

Du 8 au 9 novembre 2016, à Champs-sur-Marne (Marne-la-Vallée)

Parler « pendant » ou parler « de » la communication écrite mobile : la parole comme instrument d'hybridation des espaces physiques et médiatisés.
Jullien Caroline  1@  
1 : Institut Mines-Télécom - Télécom ParisTech  (I3)  -  Site web
Télécom ParisTech
37-39 rue Dareau, 75014 Paris -  France

Cette communication vise à contribuer à la problématique de l' « hybridation » des espaces connectés par les technologies de communication. Elle partage avec Rallet, Aguilera et Guillot (2009) la perspective de traiter l'espace comme un, et de considérer l'hybridation des espaces depuis l'ancrage physique du monde médiatisé, à travers les processus de décomposition et de recomposition des frontières spatio-temporelles menés en situation par les acteurs. Cependant, à l'instar des premiers travaux ethnométhodologiques de Marc Relieu (2005) sur l'hybridation de la conversation « proximale » avec le chat sur mobile « distant », il s'agit moins de repérer des possibilités de communication qui seraient structurellement offertes ou contraintes par des espaces et des activités durablement agencés, que d'interroger la variété et la transversalité des procédés d'articulation des espaces, qui servent à créer la dynamique d'une situation. Notre recherche vidéo-ethnographique sur l'usage quotidien de la communication écrite sur téléphone mobile – sms, messagerie instantanée et Facebook – nous a permis de dégager trois ensembles de pratiques pour créer des configurations proximales-médiatisées, qui prennent comme ressources le corps, le langage et les interfaces électroniques. La première est une articulation essentiellement corporelle des deux lignes d'activité dans l'espace physique et médiatisé, sans que les contenus des communications filtrent de l'un à l'autre, bien qu'il existe des énoncés connectant ces activités, sous la forme de thématisations générales et sommaires de l'activité et de la disponibilité. La composition des espaces est produite par les index temporels et rythmiques d'allocation des ressources visuelles, que doivent se partager l'oral proximal et l'écrit distant. La seconde est une articulation essentiellement verbale, lorsqu'un énoncé oral est transformé en énoncé écrit et vice-versa. Nous présentons deux ensembles de formes : la verbalisation orale « pour soi » d'un message qui vient d'être reçu ou qui est sur le point d'être écrit, avec une certaine similitude sémantique, syntaxique et pragmatique entre les deux énoncés ; le recyclage à distance d'un échange partagé en coprésence, plus particulièrement lors d'une activité collective élargie comme le fait de regarder la télévision, qui passe par une reformulation au discours indirect, et tend vers le commentaire et la prise de position. Nous contrastons ensuite ces formes non-verbales et verbales de coordination avec des cas mixtes où des éléments de l'environnement non-verbaux, comme un trajet en bus, sont pris comme organisateurs thématiques dans la communication à distance. Au fil de ces analyses, nous discuterons en quoi ces procédés pratiques d'hybridation de l'espace peuvent être informés par les formats techniques de communication mobile ainsi que par la morphologie des nouveaux réseaux sociaux composites formés par les coprésents proximaux et distants – famille, conjoint, amis. 


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